Avril 2025
Réinsertion et engagement : les ambitions de Permis de Construire 35 à Rennes
Rencontre avec Lucie Barbot, Président de l’association Permis de Construire 35
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Lucie Barbot, j’ai 36 ans et j’habite à Rennes depuis 15 ans. J’ai quasiment toujours baigné dans l’univers de l’action sociale et des sciences humaines.
Et j’ai donc le plaisir et la (bonne) pression d’être la présidente de PDC 35.
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager dans l’association Permis de Construire 35 ?
Ma vie professionnelle a toujours été en lien avec l’accompagnement des familles les plus fragilisées et l’une de mes expériences m’a amenée à découvrir l’univers carcéral.
Cette expérience marquante m’a interpellée.
J’ai pris conscience des nombreux impacts de l’incarcération sur la vie sociale et familiale. Et surtout j’ai pu observer qu’il y avait des besoins non couverts encore, notamment en termes de réinsertion au sens global. En effet, j’étais souvent confrontée à des sortants de prison qui n’avaient aucun accompagnement prévu, qui sortaient de détention avec une grande inquiétude sur l’avenir. On imagine facilement l’angoisse de se retrouver dehors, parfois de manière non anticipée, sans savoir où dormir le soir, sans argent, sans connaissance, sans soutien. Ces circonstances défavorables à la construction d’un projet de vie, deviennent propices à la récidive.
Parallèlement, je connaissais l’association Permis de Construire à Nantes.
Alors c’est assez naturellement que lorsque le directeur du réseau m’a parlé de la volonté d’implanter l’association à Rennes, je me suis engagée, étant déjà convaincue de la nécessité de Permis de Construire sur le territoire rennais.
Quels sont les principaux projets sur lesquels travaille actuellement l’association rennaise ?
Notre association est encore toute jeune, elle est née en mai 2024 ! Nos projets actuels sont surtout centrés sur l’implantation de l’association. Il nous faut construire des bases solides.
Donc les essentiels sont de nous faire connaître, de construire des liens avec nos partenaires et de roder nos pratiques.
Et plus concrètement, depuis le début du mois de mars nous commençons à construire des projets spécifiques et à accompagner concrètement ceux qui en ont besoin.
Comment travaillez-vous avec les entreprises et les partenaires pour favoriser la réinsertion des bénéficiaires ?
Pour le moment, nous sommes dans la phase d’interconnaissance avec les partenaires et les entreprises. Comme notre création est encore récente, il s’agit d’abord d’appréhender les objectifs et les valeurs de chacun afin de déterminer la nature de la collaboration.
Quels sont les principaux défis auxquels l’association doit faire face ?
Les défis sont malheureusement très banals dans le monde associatif de 2025.
Le plus grand concerne les sources de financement de notre structure. Même si aujourd’hui, l’association ne compte qu’une salariée, il est plus que nécessaire d’avoir la capacité financière d’accueillir un.e professionnel.le supplémentaire. Nous ne pourrons pas réaliser nos missions sans cela.
L’autre défi de l’année sera de trouver des locaux adaptés à nos missions. En effet, ils devront être accessibles et permettant tant la convivialité que la confidentialité, sans grever le budget… La mission est ardue.
Comment envisages-tu le développement de Permis de Construire 35 dans les prochaines années ?
Notre stratégie est de construire un réseau de partenaires engagés et durables. La pérennité de l’association en dépend. Nous avons vraiment à cœur de construire des collaborations étroites et transparentes, où le travail de fond sera concentré sur les projets spécifiques, les évolutions politiques et sociales, les impacts sociaux.
Parallèlement, nous avons l’objectif d’étoffer notre équipe salariée pour pouvoir répondre aux besoins des bénéficiaires et y répondre avec des actions innovantes et au plus près de leur besoin.
Quelles sont les prochaines étapes pour renforcer l’impact de l’association ?
L’impact social de l’association découle de la qualité des actions mises en œuvre.
Pour garantir une qualité des interventions, l’opérationnel doit donc être en perpétuelle évolution et sans cesse testé, mesuré. C’est à cet endroit que le réseau PDC joue son rôle. Nous observons que les différentes rencontres de travail entre les associations départementales et avec le réseau nourrissent nos pratiques, nos actions. Nous avons la volonté de consacrer régulièrement du temps à ces instances.
Et d’autre part, même si l’activité opérationnelle est orchestrée par la directrice, elle traduit les décisions de la gouvernance. Donc il est incontournable d’avoir une équipe compétente et solide. Le conseil d’administration doit être un lieu d’échange ou confronter ses idées. C’est l’instance où il faut savoir prendre des risques éclairés et mesurés. Pour cela, nous allons aussi nous concentrer à construire un conseil d’administration ou les membres seront complémentaires, où chacun devient garde-fou de l’autre et où tous partagent un objectif commun.
Quel message souhaites-tu adresser aux bénévoles, aux bénéficiaires et aux donateurs ?
Depuis la création, cette association est basée sur la collaboration et l’engagement. J’ai la chance d’être aux premières loges pour observer les membres, les partenaires, les citoyens se démener pour faire fructifier l’association. Cette énergie est un puissant carburant !
Nous nous offrons le luxe du temps, de sur-mesure pour les pilotes mais aussi pour les bénévoles et les partenaires. Je souhaite veiller à ce que chaque personne désirant construire et s’investir trouve la place qui lui convient !
Donc, si nos valeurs, nos actions, notre vision vous touchent, venez nous rencontrer et en échangeant nous pourrons définir ensemble notre manière de collaborer !
J’en profite pour adresser un grand merci à ceux qui font déjà partie de nos partenaires. Nous sommes ravis de nous associer à vous pour participer à l’accompagnement des personnes fragilisées et d’intégrer un réseau d’acteurs qui croient en une société plus inclusive.
Comment les personnes intéressées peuvent-elles s’engager à vos côtés ?
Les personnes qui partagent nos valeurs et seraient intéressées peuvent s’investir à différents niveaux, individuellement ou professionnellement.
En effet, nous cherchons à étoffer notre conseil d’administration en accueillant de nouveaux membres. Je suis convaincue que la diversité des personnalités, des profils, des compétences est la clé de voûte d’un conseil d’administration efficace. Donc pas besoin d’être un pro du code civil !
Aussi, les personnes peuvent s’investir en devenant des partenaires, que ça soit au nom d’une entreprise ou d’une fondation, nous avons besoin d’associés pour construire des projets adaptés aux besoins des pilotes.